Εγκυκλοπαίδεια Μείζονος Ελληνισμού, Μ. Ασία ΙΔΡΥΜΑ ΜΕΙΖΟΝΟΣ ΕΛΛΗΝΙΣΜΟΥ
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Les croisés en Asie Mineure

Συγγραφή : Cheynet Jean-Claude (18/8/2008)

Για παραπομπή: Cheynet Jean-Claude, "Les croisés en Asie Mineure", 2008,
Εγκυκλοπαίδεια Μείζονος Ελληνισμού, Μ. Ασία
URL: <http://www.ehw.gr/l.aspx?id=12499>

Les croisés en Asie Mineure (5/6/2008 v.1) Σταυροφόροι στη Μικρά Ασία (5/6/2008 v.1) Crusaders in Asia Minor (5/6/2008 v.1) 
 

1. Introduction

La Croisade est indirectement liée à l’avance des Turcs en Asie Mineure après la bataille de Mantzikert. L’appel d’Urbain II avait bien pour objet de libérer Jérusalem, mais aussi de répondre aux demandes d’Alexis Comnène soucieux de reprendre le contrôle d’une Asie Mineure où s’enracinaient de plus en plus les nouveaux venus. Son armée n’était pas assez forte pour réussir la reconquête, mais l’apport des troupes franques compensait le nombre et le dynamisme des guerriers turcs. Au moment où l’empereur sauvegardait difficilement les points d’appui qu’il conservait en Bithynie, il avait obtenu du comte Robert de Flandre un contingent de 500 chevaliers, dont il établit une partie à Nicomédie.

En dépit du témoignage d’Anne Comnène, qui minimise les responsabilités de son père, Alexis a bien demandé le secours de soldats latins, en envoyant de nombreuses lettres aux souverains occidentaux et en faisant plaider la cause grecque au concile de Plaisance en 1095. Il attendait des mercenaires, pas une armée de pèlerins en route vers Jérusalem. Lorsque les différents chefs des contingents croisés, dont le Normand Bohémond, son ancien ennemi, parvinrent à Constantinople, Alexis ouvrit avec eux des négociations complexes, car il n’était pas leur supérieur. Un accord se fit sur le principe d’une restitution des villes et provinces reconquises sur les Turcs en échange d’un soutien logistique, de l’appui d’un contingent et de guides byzantins et de la promesse de la venue ultérieure d’Alexis en personne à la tête de son armée1.

2. Le passage des croisades

2.1. Les bénéfices de la première croisade

Les croisés arrivèrent en ordre dispersé et les premiers arrivés, sous la direction de Pierre l’Ermite, furent rapidement transférés par Alexis en Bithynie. Les Francs de la croisade dite « populaire », indisciplinés, s’aventurèrent à piller les riches terres aux environs de Nicée et se firent surprendre et massacrer par l’armée du sultan seldjoukide, Kilidj Arslan Ier, revenu défendre sa capitale. La venue de troupes plus aguerries autour de Raymond de Saint-Gilles, de Godefroy de Bouillon et de Bohémond permit d’assiéger et de prendre Nicée rendue par les Turcs au basileus en juin 1097, puis de bousculer à deux reprises les Turcs à Dorylée et à Héraclée. Alexis profita de leur affaiblissement pour reprendre pied en Asie Mineure. Il envoya des armées sous le commandement de Jean Doukas et Eumathios Philokalès qui reprirent Smyrne, Ephèse, Philadelphie tandis que lui-même dégageait la Bithynie et s’avançait jusqu’à Philomèlion. L’empereur souhaitait contrôler à nouveau les routes qui conduisaient traditionnellement les armées impériales de Constantinople à Antioche, mais il fut incapable de maintenir durablement une garnison à Ancyre rendue par les croisés et surtout de récupérer Antioche qui passa aux mains de Bohémond et de ses Normands. Trompé, en effet, par des rapports qui donnaient la situation des croisés devant Antioche en juin 1098 comme désespérée, Alexis n’osa pas risquer son armée sur le plateau anatolien encore dominé par les Turcs et fit demi-tour sans rejoindre les croisés. La Cilicie, d’où les garnisons turques avaient été chassées, resta également longtemps hors du contrôle impérial, car elle se trouva sous l’autorité des princes d’Antioche ou de la dynastie arménienne des Roupénides2.

Les arrières-croisades qui succédèrent à la première furent un échec, car elles s’engagèrent en ordre dispersé sur le plateau anatolien. Le principal groupe, commandé par Raymond de Saint-Gilles, fut dirigée vers la Paphlagonie dans l’espoir de déloger les Turcs danismendides et d’élargir la mince bande côtière en possession des Byzantins le long de la Mer Noire. Les Turcs dispersèrent et capturèrent sans trop de difficulté les troupes latines. Cet épisode contribua à tendre les relations entre Alexis et une partie des Occidentaux qui comprenaient mal comment des troupes si nombreuses avaient pu être anéanties par les Turcs et soupçonnèrent l’empereur de connivence avec leurs ennemis pour éviter une trop grande puissance des nouveaux États francs de Terre sainte.

Le bilan de la croisade, en dépit de la « question d’Antioche », était nettement positif pour l’Empire qui avait reconquis les riches provinces de l’ouest de d’Asie Mineure, qu’il allait devoir défendre et repeupler, car des provinces avaient été ravagées, telle la région d’Adramyttion encore désertée au début du règne de Manuel Comnène.

2.2. La seconde croisade

En 1144, la chute d’Edesse reprise aux Latins par Zengui, l’émir de Mossoul, provoqua le départ de ce qu’on appelle la seconde croisade. Deux souverains puissants, Louis VII de France et l’empereur germanique Conrad III y participèrent. Les relations avec l’empereur Manuel, son parent par alliance, récemment monté sur le trône, furent finalement assez heureuses. Les Byzantins étaient effrayés de voir une telle masse de soldats devant les murailles de leur capitale et ils furent soulagés quand Manuel obtint que les croisés franchissent le Bosphore. Conrad, confiant dans la force de son armée, décida de ne pas attendre les Français et de marcher sur Ikonion à l’automne 1147. Surpris par les Turcs dans les environs de Dorylée, il fut mis en déroute et se retira, blessé, à Constantinople. À Noël, Manuel avait reçu le roi de France et ce dernier avait été favorablement impressionné par la splendeur de l’accueil impérial. Les croisés, une fois parvenus en Asie Mineure, n’osèrent pas emprunter la route directe vers Antioche, en raison de la défaite de Conrad. Louis VII emprunta une autre route, le long de la côte, passant par Éphèse, car le ravitaillement y était mieux assuré. L’objectif était Attaleia, où une flotte conduirait les croisés jusqu’en Palestine. Mais l’armée de Louis VII fut malmenée dans les passes du Haut Méandre, après avoir quitté Laodicée. L’armée qui atteignit finalement Attaleia était fortement amoindrie. La croisade fut donc un échec, que certains Latins imputèrent une nouvelle fois à la mauvaise volonté byzantine. Pour leur part, les Byzantins restaient méfiants à l’égard des Latins car le passage de la croisade avait coïncidé avec une attaque de Roger de Sicile dans les Balkans et d’autre de nombreux pillages avaient été commis par les croisés quand les marchés de ravitaillement étaient insuffisants ou inexistants.

Manuel Comnène mena ensuite une politique de rapprochement envers les États latins de Terre sainte et présenta sa campagne de 1176 contre les Seldjoukides comme une croisade byzantine, obtenant le soutien d’un gros contingent latin3.

2.3. La troisième croisade

La troisième croisade visait à reprendre Jérusalem prise en 1187 par Saladin. Deux souverains, Philippe Auguste et Richard Cœur de Lion choisirent de se transférer par mer en Terre Sainte avec pour conséquence la perte de Chypre prise par les Anglais. Frédéric Barberousse choisit la route traditionnelle. Isaac II Ange, effrayé par l’importance des troupes germaniques conclut un traité avec Saladin. Lorsque les croisés traversèrent les Balkans, ils se heurtèrent violemment aux troupes byzantines. Cependant un accord fut conclu et la traversée des provinces byzantines d’Asie Mineure s’accomplit non sans frictions avec les indigènes. L’empereur germanique choisit un itinéraire nord-sud, qui longeait la frontière avec les Turcs, passant par Philadelphie où de violents affrontements opposèrent croisés et habitants de la cité, jusqu’à Laodicée du Méandre, où il pénétra en territoire ennemi. En mai Frédéric Barberousse, en s’emparant de la ville basse de Konya, affaiblit temporairement le sultanat seldjoukide alors en peine expansion, ce qui soulagea la pression sur les frontières micrasiatiques de Byzance.

2.4. La quatrième croisade

A priori, elle n’aurait pas dû intéresser les Byzantins, puisque les croisés devaient embarquer sur une flotte à destination de l’Égypte. Chacun sait comment les circonstances politiques conduisirent à la prise de Constantinople par les Latins en 1204. Ces derniers décidèrent de se substituer aux empereurs byzantins et entreprirent donc de conquérir toute la terre « outre le Bras Saint-Georges.» S’appuyant sans doute sur des documents fiscaux conservés dans les bureaux financiers de la capitale, ils répartirent à l’avance le territoire selon des modalités que nous connaissons grâce à la Partitio Romanie. Une partie des provinces devait échoir à l’empereur, une autre aux Vénitiens, la dernière aux pèlerins. L’Asie Mineure, encore à conquérir, revenait en fait à l’empereur qui la redistribua ensuite en fiefs4. Ainsi, Louis de Blois obtint le duché de Nicée et Étienne du Perche, celui de Philadelphie.

2.5. Les latins en Asie Mineur après 1204

Théodore Lascaris, héritier de la dynastie des Anges, s’était réfugié en Asie Mineure dès avant la chute de Constantinople et s’opposa aux envahisseurs latins, tout en essayant d’éliminer des rivaux locaux qui avaient profité de la désorganisation administrative (Sabbas Asidènos de Priène, Théodore Mankaphas de Philadelphie, Manuel Maurozômès du Méandre…). Il fut d’abord vaincu par les croisés à Poimanénon en décembre1204. Les Latins établirent une solide tête de pont en Bithynie, dans les anciens thènes des Bucellaires et de l’Opsikion, sans toutefois prendre Nicée. Ils ne poursuivirent pas leur avantage, car ils furent rappelés dans les Balkans ou le tsar bulgare, Kalojean, leur infligea une sévère défaite à Andrinople qui brisa leur élan conquérant. Henri de Hainaut, frère et successeur de l’empereur Baudouin, revint en Europe et Lascaris en profita pour reprendre presque toute la Bithynie. Mais Henri se montra un souverain remarquable et repoussa tous ses adversaires.

Lorsque Théodore Lascaris eut vaincu le sultan en 1211 à Antioche du Méandre, il prétendit chasser tous les Latins d’Asie Mineure. Henri marcha contre lui et le défit en octobre 1211, puis s’avança profondément en Asie Mineure. Lascaris dut rendre Nicomédie, Cyzique, Pègai, Adramyttion et même Achyraos. L’Empire latin tenait solidement les principaux ports de la côte sud de la Marmara. Henri devait ses succès à son génie militaire, mais aussi à son comportement envers les Grecs, qu’il prit en grand nombre à son service. Mais l’empereur latin mourut jeune, en 1216. Le nouvel empereur, Jean III Batatzès, gendre de Théodore Lascaris, une fois assuré de son pouvoir, réussit en peu d’années à chasser les Latins grâce à sa victoire à Poimanénon en 1225. Les Latins ne réussirent à conserver un temps que Nicomédie. Une contre-attaque latine en 1233 sous Jean de Brienne n’obtint pas de résultats durables après quelques succès initiaux. Il ne resta aux Latins qu’une mince bande de terre au-delà du Bosphore.

Les Latins occupèrent donc une vingtaine d’année une partie de la Bithynie. Ils eurent le temps d’organiser un réseau d’évêchés que nous connaissons par le Liber censuum et d’attribuer des domaines à des monastères constantinopolitains dont ils s’étaient rendus maîtres5.

1. Voir en dernier lieu, Shepard J., «When Greek meets Greek: Alexius Comnenus and Bohemond in 1097-1098», Byzantine and Modern Greek Studies 12 (1988), pp. 185-277; idem, «Cross-purposes: Alexius Comnenus and the First Crusade», in The First Crusade Origins and Impact, ed. Jonathan Phillips (Manchester University Press; Manchester, 1997), pp. 107-129; Magdalino P., The Byzantine Background to the First Crusade (Canadian Institute of Balkan Studies, Toronto 1996), pp. 3-38.

2. Dédéyan G., Les Arméniens entre Grecs, Musulmans et Croisés. Étude sur les pouvoirs arméniens dans le Proche-Orient méditerranéen (1068-1150). 2 vol., (Lisbonne 2003).

3. Lilie R. J., «Die Schlacht von Myriokephalon (1176): Auswirkungen auf das byzantinische Reich im ausgehenden 12. Jahrhundert», Revue des Etudes Byzantines, 35 (1977), pp. 257-275.

4. Carile A., «Partitio terrarum imperii Romanie», Studi Veneziani 7, (1965), pp. 217-218.

5. Cf. en dernier lieu, Cheynet J.-Cl., «Les biens de l'Église latine de Constantinople en Asie Mineure», Byzantinische Forschungen 29 (2007), pp. 155-173.

     
 
 
 
 
 

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